Emploi : 57% des femmes rêvent de reconversion

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La frustration et l'ennui professionnel sont les premières raisons qui poussent ces femmes salariées à envisager une reconversion.
La frustration et l'ennui professionnel sont les premières raisons qui poussent ces femmes salariées à envisager une reconversion.New Africa / stock.adobe.com

L'ennui et la souffrance au travail sont imputés à leur désir de changer de carrière.

Lassitude morale, monotonie, impression de vide engendrant la mélancolie... Une majorité de femmes s'ennuient au travail. À tel point que près de 57% d'entre elles rêveraient de se reconvertir, qu'il s'agisse d'un changement de métier, de secteur ou de statut professionnel. Après le quiet quitting et les démissions en chaîne, observe-t-on un nouveau phénomène sur un marché du travail sens dessus dessous où règnent les tensions de recrutement ?

C'est ce que révèlent les chiffres d'une étude menée en mai 2022* par Garance&Moi, expert dans l'accompagnement des carrières féminines et l'IFOP, qui se sont penchés sur le niveau d'épanouissement professionnel des femmes.

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La frustration et l'ennui professionnel sont donc les premières raisons qui poussent ces femmes salariées à envisager une reconversion. La deuxième évoquée est la souffrance au travail, qui concerne une femme sur deux (épuisement, ambiance nocive, charge de travail importante). «Cela met des chiffres sur ce que j'observe, appuie Lucile Grentzinger, entrepreneuse de 35 ans qui a fondé Patronnes, un programme de coaching à l'entreprenariat féminin. Une grande majorité des femmes que j'ai eues en entretien exprimaient une frustration voire de la souffrance liée au fait qu'elles n'avaient pas de pouvoir de décision dans leur entreprise, ou face à l'obligation de suivre des règles imposées, pas expliquées....»

En effet, à la question «et si vous deviez changer de métier, que souhaiteriez voir changer dans votre nouvelle activité professionnelle ?», si 74% ont répondu qu'elles désiraient davantage d'épanouissement personnel et professionnel, 68% ont évoqué leur besoin de leadership. En outre, 57% des femmes qui ont évoqué leur frustration pour justifier leur envie de changer d'horizon ont le sentiment de ne pas exploiter à fond tout leur potentiel et leurs compétences et 27% estiment, quant à elles, avoir fait le tour de leur poste.

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«Les femmes veulent investir dans des entreprises qui ont un impact significatif sur des sujets de société (transitions écologiques, challenges sociétaux...), explique Garance Yverneau fondatrice de Garance&Moi qui a accompagné 11.000 femmes de toutes origines socioprofessionnelles depuis 2011. Elles veulent avoir le sentiment d'avoir un impact concret, direct et mesurable dans leur poste, c'est la raison pour laquelle les métiers de l'artisanat, entre autres, rencontrent un grand succès dans les projets de reconversion.»

Manque de confiance en soi

Pour autant, l'étude identifie plusieurs freins à ces envies de reconversions. Parmi les femmes qui en rêvent, 45% ont évoqué du découragement et des craintes sur l'avenir : la peur de repartir à zéro doublé de la crainte de ne pas retrouver d'emploi sont des freins qui entravent les projets de changement de carrière.

Autre obstacle, pour 45% des femmes interrogées qui veulent changer de voie, le manque d'envie et d'inspiration, en deuxième position. «Nous ouvrons de nouvelles perspectives aux femmes auxquelles elles n'auraient pas forcément pensé seules», commente Garance Yverneau. Comme les métiers de la tech qui leur permettent de faire un jump de carrière très significatif et de sécuriser leur employabilité. Nous leur préconisons aussi d'identifier leurs croyances limitantes pour qu'elles sortent de l'autocensure au travail.»

En outre, quatre salariées sur dix (39%) «font état d'un manque de confiance en soi - un frein important chez les femmes, à ne pas sous-estimer face à cette envie de reconversion.» Un vrai fléau chez les femmes qui envisagent de sortir du salariat pour se lancer en free-lance ou dans l'entreprenariat - elles sont 32%, confirme Lucile Grentzinger. «Monter une entreprise génère des peurs, ce n'est pas une voie toute tracée. Les femmes qui veulent entreprendre ne sont pas sûres d'elles pour la plupart, la peur de tout quitter fait hésiter, d'autant que les études montrent qu'elles sont moins encouragées par leur proche que les hommes.

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Quand j'ai lancé Patronnes, j'ai appelé beaucoup d'incubateurs et le retour qu'on m'a fait c'est qu'ils manquent de candidate. Le problème vient donc un cran en avant, il est culturel. Les femmes sont moins encouragées à entreprendre, à prendre des risques. Tout est fait pour qu'elles n'entreprennent pas à commencer par un défaut de représentation: dans les écoles, lorsqu'on montre un chef d'entreprise, c'est un homme, on traîne un passif là-dessus. Par ailleurs, les mécanismes du manque de confiance en soi sont les mêmes en entreprises, les femmes ont besoin de rôle modèle.»

*Auprès d'un échantillon de 1004 femmes représentatives de la population des femmes salariées françaises âgées de 18 ans et plus.

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